La supervision collective, une métaphore musicale, Co-écrit par Michèle Detroyat et Antoine Houdant.
Résultat d’un partage de réflexions sur la façon dont la supervision musicale aide à décrire ce qu’est la supervision collective notamment. il a été écrit en 3 mouvements :
La Supervision collective : Allegro, ma non troppo
- Michèle a porté le 1er et 3ème mouvement sur l’acoustique et le champ de la supervision puis sur la posture et le maintien
- Antoine le 2ème mouvement sur le diapason et la dimension vibratoire
https://www.linkedin.com/events/d-couverteetexp-rimentationsupe7080535230222069760/Nous mobilisons la musique comme symbole pour dire un peu de l’indicible que recèle la supervision. Pour filer la métaphore et entrer dans ce travail de dentelle, nous abordons dans le 1er mouvement l’acoustique comme un cadre. Il s’agit d’un environnement propice aux résonnances multiples des sonorités. L’orchestre est installé, les musiciens tiennent en main leur instrument et s’accordent. Le chef d’orchestre entrera ensuite en scène. Il donnera l’impulsion pour que chacun suive sa partition; mais nous n’en sommes pas encore là. Dans un 2ème mouvement, l’accent est mis sur l’accord autour du diapason. L’instrument comme élément physique de la vibration.
Pourquoi une métaphore ?
Parce qu’autant le coaching que la supervision des pratiques d’accompagnement manquent de mots reflétant leur subtilité, leur sensibilité. Il est bien entendu possible de les classer de les codifier. C’est parfois nécessaire, au prix d’une dilution du sens et de la richesse de l’exercice.
La musique ? Est-ce qu’elle est elle-même un des aspect du sensible, du subtil ? qu’elle résonne et fait – résonner, vibrer -? Il est clair que dès- l’entrée -, les mots de son champ -chant- lexical s’accordent – !- avec une manière de respirer, de ressentir, de se sentir, d’être, de se poser -pause – de se reposer – double pause –
Quoiqu’il se passe dans le champ – chant- de la Supervision, notre objet de réflexion, ‘ça’ agit et ré-agit telle « une onde sonore effectue une réflexion sur une surface. Une partie de l’onde est absorbée et transmise dans le matériau (ici humain) de cette surface tout dépendant de sa nature, tandis que le reste de l’onde est réfléchi e (…) par cette surface. » Def. Wikipédia -réflexion acoustique-
Et bien nous y voilà ! Ce qu’il s’y passe est déjà résumé en quelques lignes. Pourtant la portée -portée – de la métaphore est bien plus large et dense -danse- et revêt de multiples échos -écho- qui permettent d’entendre ou de ré-entendre des modulations – modulations – des altérations dont l’instrumentiste – le coach participant – n’avait jusqu’ici pas saisi la portée -!-
L’acoustique
L’acoustique du lieu de supervision est déterminante. Pour qu’elle soit à la hauteur -hauteur- du besoin, les matériaux dont elle est constituée seront de qualité. Ce sera le premier point d’attention des superviseurs. Le lieu physique, neutre, clair et calme permettra aux échos – de se réfléchir devenant ainsi chambre -d’écho- au déchiffrage- de partitions originales. Les pairs, autres instrumentistes participent également par la matière dont ils sont faits. Cette matière, toujours différente renverra un -son- singulier du -grave aux aigus- qui permettra la perception d’autres -tonalités- lesquelles formeront ensemble une —mélodie- subtile grâce à la diversité des -pupitres-.
Enfin le matériau du, des superviseurs, ajoutera de la variété et du rythme à l’-œuvre-. Dans cet espace dédié aux -sonorités- ils marqueront la -mesure- les silences et les pauses nécessaires aux variations. Ils créeront ainsi les conditions à ce que l’instrumentiste développe sa -partie- dans toute son ampleur, toute la puissance de l’oeuvre.
Lorsque le coach -instrumentiste – a choisi son instrument, la supervision est également le lieu où, accompagné, il va apprendre à le régler et à en prendre soin. Parfois l’éclairage du superviseur sera utile pour en affiner le son, pour lui indiquer comment il peut se permettre l’accès aux respirations, art de séparer les sons pour mieux en saisir la singularité.
Le diapason
Le diapason[1] est à la fois l’étendue des sonorités d’une voix ou instrument, le son de référence pour s’accorder et, par métonymie, l’instrument utilisé pour déterminer un accord. Cela implique qu’il existe un référentiel partagé et un objet pour le rappeler. Les associations de coachs déploient chacune une charte de déontologie qui, au-delà des modalités de pratiques du coaching, permet à chacun de trouver son pupitre dans le concert des coachs.
Au-delà des mots, le coach est invité à se remettre au diapason de l’éthique pour s’ajuster au plus près de sa propre musicalité. Le diapason sert de point de référence parmi d’autres. Il favorise la diversité des sonorités possibles; chacune adaptée à l’instrument ou la voix concernée. La supervision participe ainsi à l’ajustement de la note qu’elle met en évidence. Elle accentue la vibration qui existe entre le coach et son client.
Vibration, « Mouvement, état d’un corps qui vibre »
La supervision offre un mouvement qui amène au dialogue entre le coach et sa situation initiale. Car il n’y a pas de musique sans support matériel pour produire, transmettre ou recevoir le son (cf acoustique). Il n’y a pas de son sans mouvement ni onde. Parcourant l’ensemble de la gamme, du plus aigu au plus grave, l’orchestre joue avec toute l’échelle des niveaux logiques et sonores. Tandis que le coach vibre et identifie de ce qu’il ressent dans son corps, le superviseur joue avec le rythme. La fréquence et le ton pour que l’onde sonore s’anime.
La supervision en duo et collective renforce le corps à chœur de l’orchestre. L’interprétation évite les dissonances y compris cognitives. Le coach instrumentiste développe son solo pour mieux l’insérer dans l’harmonie qui se construit dans l’orchestre, son jeu nait du mélange de plusieurs tonalités, des rythmes des parties de chacun, des échos et des ondulations, des variations. Il affine son jeu en captant et identifiant sa façon propre de vibrer.
Le chef d’orchestre, pour sa part, accentue le mouvement lors des répétitions, laisse le temps au silence de prendre toute sa place, souligne un soupir.
Composition
La supervision est une composition unique à chaque fois. Elle n’impose pas de forme mais accompagne celles qui se présentent. Les superviseurs dans cet article composent en 4 mouvements, mobilisant ainsi la forme d’une symphonie. La métaphore musicale nous a amenés en premier lieu à regarder la scène et la salle. Puis ici l’instrument de référence et le processus d’accordage. Nous vous donnons rendez-vous pour un 3ème mouvement pour appréhender davantage la posture. Le 4ème mouvement sera celui de l’expérience !
La posture*, le maintien
*Selon diverses sources (dictionnaire Larousse, Littré…), il s’agit «de la position du corps ou d’une de ses parties dans l’espace (…) » La recherche s’élargie avec « l’attitude morale de quelqu’un » et/ou « se mettre en position favorable pour » CNRTL 3.al.2. L’ensemble nous indique à la fois une posture physique, une disposition mentale et quelque chose de l’ordre de l’éthique, « attitude morale (…) » . Résumons : le maintien, sous toutes ses formes.
La posture donc, du/des superviseurs est affaire de position, de disposition et de maintien. L’écoute sensible qu’il prête aux différentes parties, au soliste, comme à ceux qui en soutiennent l’envolée est faite de vigilance, d’attention aux percussions et répercussions des sons, aux voix qui se répondent. Assonances et dissonances sont ici révélées et régulées grâce à la concentration du chef, sur l’ensemble comme sur l’unicité.
Cette attention particulière portée aux particularités de chaque instrument comme à ce qu’ils produisent ensemble comme écho – l’acoustique est de encore ici primordiale – lui indiquera comment le soliste, en corrigeant une position du corps ou partie du corps, en invoquant une émotion, en faisant appel à ses valeurs propres, peut accéder à la vibration, à la sonorité adéquate. Le soliste est ici le coach qui face à une question, un cas, un obstacle se trouve en difficulté et cherche à ajuster son jeu. Et ce jeu dépend au moins autant des particularités de son client que des siennes propres.
Qu’écoute le superviseur, comment écoute-il ?
Transferts, contre-transferts, projections, interprétations écarts de rythmes ou fausses notes sont sensibles, parmi d’autres accidents . Si la partition et le contexte de son interprétation demandent des rythmes spécifiques, le superviseur est censé l’entendre et en révéler les éléments non perçus. Il le fera à travers un questionnement et une reprise répétée du morceau présenté et interprété. Le superviseur mène le travail, tandis que le contenu musical appartient au soliste. Le superviseur attirera l’attention du coach sur les différentes nuances qui peuvent s’appliquer au morceau. Descendre d’un demi-ton ou, à l’inverse altérer la note d’un dièse, le musicien dispose de nombreux outils pour ajuster son jeu. Il lui appartient de les découvrir, de les expérimenter.
Parmi les accidents de jeu, si par exemple, le morceau et le contexte de son interprétation demandent un rythme lent, que la portée révèle des indications, des blanches et des rondes, des pauses et des respirations, le coach devra s’y adapter. Il y aurait un décalage entre le besoin du coaché et l’interprétation du coach si celui-ci proposait sans s’adapter, un rythme syncopé issu d’un interprétation personnelle de la partition du coaché.
Le repérage des dissonances permet alors au superviseur de dégager ce qui est de la partition de l’un et de celle de l’autre. Il mobilisera alors sa maîtrise des différents mouvements, combinaisons et de leur effets pour permettre à l’instrumentiste de se repérer dans l’oeuvre, d’en faire une lecture différente lui permettant de s’accorder avec son client. Le coach et/ou les autres instrumentistes appelleront à résonner aux sons et rythmes proposés en première lecture, évaluant ainsi les différences pour eux-mêmes et pour le soliste lors d’une nouvelle lecture.
Le « la » et la baguette ?
Contrairement à l’orchestre où le chef donne le « la», en supervision, c’est l’instrumentiste qui a le -la- en lui. Le superviseur s’emploiera à le lui faire ajuster en fonction des variations sur le thème qu’il souhaite exécuter et du paysage sensoriel dans lequel il l’interprète (cf. Infra diapason).
Le chef d’orchestre superviseur n’a pas de baguette ! Il n’a pas besoin de diriger … la métaphore trouve ici sa limite. Il écoute, il mobilise ses connaissances et ses sens, il propose, il emmène avec le processus et il créé les conditions pour que « ça » se passe. C’est une caisse de résonance concentrée sur la mélodie dont il s’imprègne pour créer les conditions de la réalisation d’une oeuvre reliée à la circonstance. Tout est affaire d’ajustement entre le lieu, les musiciens, les solistes, les instruments et le chef d’orchestre.
Pour créer l’harmonie, dans la douceur et dans la joie:
Allegro, ma non troppo !
– Pour expérimenter le 4ème mouvement : rendez-vous
– le 30 mai 2023 à 10h ou le 12 juillet à 11h pour un webinaire de découverte autour de la supervision collective.
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[1] Définition du diapason issue du dictionnaire de l’académie française, 9ème édition
[2] Définition de la vibration dans le TL